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En mémoire de notre ami Stephen Hawking

Stephen Hawking était une superstar mondiale de la science. Pour les physiciens de l’Institut Périmètre, il était aussi un collègue, un mentor et un ami.

Lorsqu’il était étudiant diplômé à l’Université de Cambridge, sous la direction de Stephen Hawking, Raymond Laflamme s’est vu confier la tâche de prouver une théorie de Hawking. Le problème : la théorie s’est avérée erronée.

Raymond Laflamme et Stephen Hawking à l’Université de Cambridge

Même s’il était bien connu, qu’il avait une réputation extraordinaire et que beaucoup de gens l’admiraient, Stephen était un scientifique. Et la science est très démocratique. On discute d’idées, et celles-ci peuvent être bonnes ou erronées. En physique théorique, les mathématiques disent ce qui est correct et ce qui est erroné. Lentement, minutieusement, j’ai donc épluché les formules mathématiques et montré que son idée de départ ne pouvait pas fonctionner. Heureusement, Don Page, un collègue, avait un résultat très semblable au mien. Nous avons petit à petit convaincu Stephen, et lorsqu’il s’est rendu compte qu’il avait commis une erreur, il s’est retourné et nous a dit : « Vous avez raison. » Il était incroyablement aimable. J’ai entendu dire qu’il avait écrit à mon sujet des lettres de recommandation dans lesquelles il disait : « Cet homme a prouvé que j’avais tort. »


Le cosmologiste Tibra Ali, assistant dans le programme PSI, était étudiant diplômé à l’Université de Cambridge lorsqu’il a fait une trouvaille rare.

J’étais étudiant diplômé à l’Université de Cambridge quand je suis tombé sur le document Is the end in sight for theoretical physics? (La fin de la physique théorique est-elle en vue?), version reliée de la conférence inaugurale de Stephen Hawking à titre de titulaire de la chaire lucasienne. Le document coûtait une dizaine de livres — ce qui était beaucoup trop pour mes maigres moyens —, mais je l’ai quand même acheté et conservé précieusement avec mes effets. Stephen Hawking dirigeait mon groupe de recherche, et nous avions l’habitude de le rencontrer tous les jours. Souvent, lors des fêtes du département, il se lassait de discuter avec les gros bonnets et venait se mêler aux étudiants. Peu avant de recevoir mon diplôme, j’ai finalement eu le courage d’aller le remercier pendant une fête et de lui demander d’autographier le document. Un ou deux jours plus tard, j’avais son autographe sur ce qui deviendrait mon bien le plus précieux. Sa secrétaire avait aussi ajouté une photo de lui. J’aime cette photo de Stephen avec son sourire espiègle — et un exemplaire de la biographie de Marilyn Monroe collée à son fauteuil.


Imogen Wright était étudiante dans le programme PSI lorsque Stephen Hawking a rendu visite au groupe.

Ma mère ne comprend pas exactement ce que j’étudiais à l’Institut Périmètre, mais elle a affiché chez elle une grande photo de moi en conversation avec le professeur Hawking lors de la remise des diplômes. Je crois qu’elle est plus fière de cela que de tout ce que j’ai pu accomplir d’autre dans ma vie.

Imogen Wright, étudiante dans le programme PSI, rencontre Stephen Hawking lors de la remise des diplômes.

Eugenio Bianchi était postdoctorant à l’Institut Périmètre lorsqu’il a utilisé la gravitation quantique à boucles pour déduire de nouveau la formule de Bekenstein-Hawking de l’entropie des trous noirs. Peu après, Stephen Hawking est venu en visite à l’Institut.

Stephen Hawking et Eugenio Bianchi à l’Institut Périmètre

J’étais en train de prendre un café au bistro Black Hole quand Lee Smolin m’a présenté à Stephen Hawking. Stephen voulait que je lui parle de ce calcul récent de l’entropie des trous noirs. J’ai répondu que je serais tout à fait heureux de lui en parler lorsque lui et Lee Smolin seraient libres. Ils ont dit : « D’accord, dans 15 minutes. »

Je n’avais pas le temps de me préparer outre mesure ou même de paniquer. J’avais seulement 15 minutes pour réfléchir à ce que j’allais résumer et expliquer. Les 3 premières questions [de Stephen Hawking] étaient très courtes : « Les calculs précédents sont-ils erronés? », « L’ensemble de la chose est-il erroné? », et puis « Quels degrés de liberté? ». C’étaient des questions précises, du genre que l’on aimerait avoir au cours d’un séminaire : des questions capables de détruire ou de renforcer un raisonnement. Nous avons discuté pendant 3 heures, au bout desquelles ils ont dit : « C’est bon, nous continuerons demain matin. » J’étais absolument époustouflé.

Lors de cette première rencontre, j’ai eu la plus haute opinion que l’on peut avoir d’un scientifique. Rien ne pourra surpasser cette rencontre et le fait d’avoir eu directement de sa part des questions sur ce que je faisais. Beaucoup de ses questions stimulent encore mes recherches aujourd’hui.


Holly Hatch était coordonnatrice des conférences de l’Institut Périmètre pendant la première visite de Stephen Hawking à l’Institut au cours de l’été 2010. On lui a demandé de coordonner une excursion d’une journée aux chutes du Niagara. Ce fut la première de nombreuses interactions mémorables.

Stephen Hawking aux chutes du Niagara sur le Maid of the Mist le 13 juin 2010 (Image : Jennifer Roberts pour The Globe and Mail)

J’ai rencontré Stephen pour la première fois à son bureau de l’Institut Périmètre. Je me suis rapidement rendu compte qu’il était une personne comme les autres — un père et un grand-père. Ses journées étaient remplies de science complexe, mais il savait que les fins de semaine étaient faites pour s’amuser.

L’excursion aux chutes du Niagara a été mémorable, notamment parce que nous avons été trempés sur le Maid of the Mist. J’espérais que son ordinateur — son principal moyen de communication — continuerait de fonctionner grâce à l’enveloppe improvisée que j’avais faite avec un poncho. Au cours des 6 semaines qui ont suivi, j’ai appris à connaître Stephen et ses aidants. Ils ont même assisté au feu d’artifice de la Fête du Canada du jardin de ma maison de ville dans la résidence des étudiants diplômés de l’Université de Waterloo — le seul endroit où personne n’aurait pu trouver Stephen!

Mais notre sortie la plus mémorable fut à l’African Lion Safari, à Cambridge, non loin de Waterloo. Nous avions loué une fourgonnette spéciale, et j’ai averti les gens du groupe que nous ne pourrions probablement pas aller dans la fameuse section des singes (parce qu’ils égratignent la peinture), mais ils ont insisté pour que nous y aillions quand même. Je me rappelle encore la fourgonnette, couverte de singes parce que les aidants de Stephen baissaient constamment les vitres pour donner des bananes aux animaux — le tout pendant qu’un énorme lion mâle prenait un bain de soleil à quelques mètres de là. Nos invités s’amusaient comme jamais, mais j’étais certaine d’être congédiée dès notre retour. Au lieu de cela, on m’a appelée dans le bureau de Stephen la semaine suivante et on m’a demandé de prévoir une autre sortie au même endroit, pour qu’il puisse y emmener ses petits-enfants qui allaient venir lui rendre visite.

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