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Les gens de l’IP — Sumati Surya

Sumati Surya, chercheuse en gravitation quantique, a passé son congé sabbatique à l’Institut Périmètre — en amenant de l’Inde sa famille — grâce à une bourse de chercheuse invitée Emmy-Noether.

Sumati SuryaLorsque Sumati Surya était enfant en Inde, sa fascination pour la physique et les mathématiques a amené son père à l’encourager à devenir « la prochaine Marie Curie ».

Même si de telles aspirations lui semblaient bien lointaines, la jeune fille aimait l’idée d’utiliser le raisonnement et la méthode scientifique, à l’instar de Marie Curie et d’autres pionniers, pour éclaircir les mystères de la nature.

Maintenant qu’elle est physicienne théoricienne, l’éclaircissement des mystères de la nature constitue l’essentiel de sa description de tâche.

Avec le recul, Sumati Surya se rend compte que l’appui inconditionnel de ses parents lui a donné le courage d’entreprendre une carrière en physique — « terrain de jeu accidenté » où les femmes sont sous-représentées à cause d’obstacles systémiques présents depuis longtemps.

« Lorsque j’étais plus jeune, je suis allée d’instinct vers la physique », déclare Mme Surya, qui a pris un congé sabbatique de l’Institut de recherche Raman de Bangalore pour travailler à l’Institut Périmètre et y collaborer avec des scientifiques.

« Mes parents n’ont jamais considéré que le fait d’être une femme pose un problème. Mais avec le temps, on se rend compte qu’il y a des préjugés — même inconscients — qui empêchent les femmes en général d’avoir les bonnes occasions de faire de la science et de contribuer à ses progrès. » [traduction]

Pendant son séjour à l’Institut Périmètre, Sumati Surya a travaillé en étroite collaboration avec d’autres chercheurs dans son domaine de spécialité : la théorie des ensembles causaux en gravitation quantique. C’est un domaine relativement restreint, qui aborde les relations de cause à effet entre événements de l’espace-temps, dans le but de décrire les fondements de la gravitation.

« En général, une ou deux personnes s’intéressent à la gravitation quantique dans une institution donnée, affirme Mme Surya. Mais ici, on rencontre un nombre incroyable de personnes travaillant dans ce domaine. Cela permet d’être en contact réel avec ce qui se passe et avec les idées qui circulent. » [traduction]

Ayant obtenu son doctorat à l’Université de Syracuse sous la direction de Rafael Sorkin — chercheur principal à l’Institut Périmètre et l’un des fondateurs de la gravitation quantique —, puis fait de la recherche dans des institutions mondialement reconnues, Sumati Surya est à la fine pointe de ce domaine en croissance rapide.

Son congé sabbatique de 8 mois à l’Institut Périmètre a été rendu possible grâce à une bourse de chercheuse invitée Emmy-Noether, qui lui a procuré le soutien financier et logistique requis pour venir à Waterloo avec son mari (également physicien et chercheur invité à l’Institut Périmètre) et leurs deux jeunes enfants.

« C’est difficile de décrire jusqu’à quel point cette bourse a été fantastique, dit Mme Surya. Venir de l’autre bout du monde est déjà compliqué pour une personne seule, ce l’est encore plus pour une famille comptant deux jeunes enfants. Mais l’Institut Périmètre a tout fait pour faciliter la chose, à tel point que je n’aurais pas pu imaginer mieux. » [traduction]

L’éducation des enfants fait partie des nombreux facteurs qui contribuent à la sous-représentation des femmes en physique, facteurs exacerbés par des normes culturelles dépassées, des stéréotypes ancrés dès la jeunesse et la discrimination systémique — qu’elle soit voulue ou non.

On assiste à des changements positifs, mais les progrès sont lents. Les initiatives Emmy-Noether de l’Institut Périmètre, nommées ainsi en l’honneur d’une pionnière des mathématiciennes qui a persévéré en dépit d’obstacles majeurs, visent à accélérer cette évolution positive au moyen de bourses, d’activités de formation et d’autres formes de soutien.

Sumati Surya se compte chanceuse d’avoir été élevée dans une famille qui ne fixait aucune limite liée au fait d’être une femme. Elle se rend compte que ce n’était pas courant, particulièrement en Inde où l’on s’attend traditionnellement à ce que les femmes restent au foyer. Mme Surya a appris par l’expérience que les idées de sa famille étaient loin d’être universelles. Elle a affronté une discrimination manifeste lorsqu’elle est rentrée en Inde après avoir étudié et travaillé à l’étranger, et elle sait que cela se produit encore ailleurs dans le monde.

« D’après moi, dit-elle, l’une des principales choses que les gens oublient, c’est que lorsqu’on refuse des occasions à des femmes vraiment intelligentes ayant reçu une excellente formation, on perd beaucoup de capital intellectuel. La communauté des physiciens ne s’est pas encore totalement rendu compte de ce qu’elle perd lorsque des femmes abandonnent la physique. La perte de ces femmes a pour effet de doubler le temps nécessaire pour réaliser n’importe quelle révolution scientifique. » [traduction]

Sumati Surya sourit encore en pensant à son père et à sa prédiction de « prochaine Marie Curie ». Même si de fait elle est à l’avant-garde d’une nouvelle branche de la physique, elle se voit plutôt comme l’un des rouages d’un travail collectif de science fondamentale — travail qu’elle considère comme une force de changement social positif.

« Le rôle social des scientifiques est très important pour toute nation moderne, dit-elle. Il consiste à aider les gens à s’interroger sur les structures existantes. La capacité de la science à tout remettre en question constitue un outil absolument essentiel. Plus un grand nombre de personnes ont accès à cet outil, plus la société en général en bénéficie. » [traduction]

Sumati Surya, boursière invitée Emmy-Noether à l’Institut Périmètre

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